Quelles seront les rencontres lors de randonnées cyclistes en Amérique ?
Chaque continent, au-delà de tous les pays qui le composent, a ses caractéristiques propres, en particulier du point de vue climatique. Les populations, leurs conditions de vie ont aussi des traits communs. Voici quelques exemples pour s’immerger dans un pays lointain.
Les Etats-Unis et les américains
Les États-Unis, est le pays par excellence de la voiture, des grandes routes… et des gangsters ! C’est sa réputation. Mais oubliez les films et la télé. Les petites villes et surtout les gens, les Américains de l’intérieur (les habitants de ce Flyover Country, ainsi nommé parce que la majorité des Américains le voit seulement par le hublot d’un avion) vont vous surprendre par leur générosité et leur caractère ouvert et amical. Oui, tout y est plus grand. Et il y a bien des Hell’s Highways, routes infernales infestées de camions et de voitures, sans concession pour le cycliste. Mais il existe aussi de petites routes tranquilles et des bandes latérales ou shoulders, sur lesquelles vous pourrez circuler en sécurité. Pour choisir votre itinéraire, l’Adventure Cycling Association sera d’un précieux secours. Créée pour le bicentenaire de l’Indépendance, elle a proposé à cette occasion un Bikecentennial parcouru par des centaines de cyclistes sur 6 000 km, du Pacifique à l’Atlantique. Aujourd’hui, l’ACA propose plusieurs grands itinéraires à travers le pays, dans toutes les directions : horizontaux, verticaux et en diagonale. Ces itinéraires font l’objet de guides et cartes que l’on peut se procurer sur internet, plus difficilement sur place. Il n’y a rien de mieux qu’un trajet fait par des cyclistes pour des cyclistes ! Mais attention : l’Amérique est immense, ce qui implique des climats très variés. Dans l’intérieur, surtout dans le sud, il fait souvent plus de 40° en été. Il peut y avoir encore de la neige dans la moitié nord du pays, au printemps et bien sûr en hiver. En principe, on peut traverser d’est en ouest par le Transamerica Trail, en partant début mai ou même fin avril. La traversée en sens inverse se fait plus tard à cause de la neige dans les Rocheuses. Pour le Southern Tier, il faut partir plus tôt pour éviter la chaleur écrasante. En roulant d’est en ouest tels les pionniers du Wild West, vous allez grimper les Appalaches, une chaine montagneuse souvent méconnue en Europe. Rarement au-dessus des 1 500 m, les routes y sont toutefois raides. L’utilisation d’un vélo électrique est conseillée pour tous ceux qui ont des difficultés pour monter les pentes un peu raides. N’ayez pas trop de crainte, en Amérique, ce type de moyen de déplacement est très bien commercialisé et les points de dépannage très bien achalandés… Les plaines présentent peu de difficultés avant l’arrivée des Rocheuses. Depuis le centre, au Kansas, vous monterez quasiment imperceptiblement jusqu’au pied des Rocheuses et de ses contreforts. Et après les Rocheuses, la Sierra Nevada… On va aux États-Unis pour les gens plutôt que pour le paysage. La France est souvent plus belle et l’Europe plus variée. Mais quand l’Amérique est belle, c’est spectaculaire, comme le Grand Canyon et bien d’autres sites, à plusieurs centaines de kilomètres les uns des autres. La mauvaise nouvelle est que peu d’Américains parlent français. La bonne nouvelle est que l’accent français en anglais est très sexy. Et si quelqu’un vous demande si vous habitez près de la Tour Eiffel, dites oui, c’est plus simple !
L’Amérique du sud et ses climats
C’est l’histoire du Créateur qui façonne le monde en commençant par l’Amérique latine. Il y met le meilleur de ce qu’il possède. Montagnes, fleuves, déserts, forets, plantes, oiseaux, fleurs, fruits, légumes, etc. Fatalement, les autres continents moins bien lotis se plaignent. Alors, le Créateur sourit et dit : Avant de râler, attendez un peu de voir les gouvernements que je vais flanquer à l’Amérique latine. Cette blague de bistrot latino symbolise assez bien ce sous-continent qui affiche tous les climats depuis le nord du Mexique jusqu’à la Terre de Feu. Vous crèverez de chaud ici et là en Amérique centrale et dans une partie de l’Amérique du Sud si vous débarquez en été. Généralement vous saurez qu’il va faire chaud quand vous verrez la couleur des habitants. Les Noirs sont relégués depuis des siècles là où c’est le plus chaud, dans telle vallée équatorienne, sur la côte caraïbe des pays d’Amérique centrale, etc. Les Indiens, eux, survivent là où c’est le plus froid, le plus haut, le plus sec. Si vous débarquez en Terre de Feu, en mai, juin ou juillet, vous affronterez la neige et le froid intense. Au Pérou, la ville de Puno est célèbre pour ses hivers rigoureux, qui tuent des centaines d’enfants dans les villages indiens. Les amateurs de confins isolés et vides d’habitants seront aussi servis. Les plus connus sont le désert d’Atacama au Chili, le salar d’Uyuni en Bolivie, mais les Andes en sont pourvues également. Vous pédalerez tout seul pendant un jour ou deux, parfois davantage, sans voir personne, dans une nature inchangée depuis le début des temps, au milieu de couleurs brûlées. Vous camperez près de lagunes bleu roi. Vous ferez s’enfuir des troupeaux d’alpagas. Vous apercevrez peut-être au loin des silhouettes humaines, mais ces gardiens de troupeaux ne s’approcheront pas. Sensations garanties. L’un des attraits principaux de l’Amérique latine, ses trois composantes sont clairement délimitées. Si vous souhaitez pédaler sur des immenses zones plates comme la main, vous vous rendrez en Patagonie ou sur les Llanos vénézuéliens, colombiens, péruviens, boliviens, paraguayens, argentins. Si vous avez envie d’affronter des kilomètres et des kilomètres de sable, vous choisirez la côte péruvienne ou chilienne. Si vous en pincez pour les cols à quatre mille, vous souffrirez dans les Andes, si étroites mais tellement longues. Il y en a donc pour tous les goûts. Si vous appréciez de croiser vos semblables, les cyclistes voyageurs, en grand nombre, ne quittez pas la Panaméricaine. Ils se feront plus rares dès que vous vous risquerez sur les pistes. Et vous serez alors face à la véritable Amérique latine, celle des autochtones, ceux qui étaient là avant tout le monde, les Amérindiens.
L’accueil en Amérique du sud
Il vaut mieux parler l’Espagnol. Cela vous vaudra de bénéficier du sens de l’accueil inné des Indiens. Certains voyageurs s’amusent, chaque soir, à s’installer sur telle ou telle « plaza de armas » de village et attendre qu’on les accoste. Chaque fois, il peut se passer n’importe quoi. Vous vous retrouvez dans l’église, chez les sapeurs-pompiers, dans la mairie, dans l’école, etc. Ou carrément chez les gens. Ne parlez pas l’anglais, sauf si vous discutez avec un intellectuel dans une université privée. Et encore. L’anglais est la langue des « gringos », qui sont forcément riches, alors, on peut sans problème tripler les prix quand on leur vend quelque chose. Les « gringos » sont ceux qui exploitent l’Amérique latine. Quand vous verrez s’approcher un ou deux Indiens éméchés qui vous demanderont : « Usted es gringo ? » (Êtes-vous gringo ?), dites-leur en espagnol : « No. Yo soy francés », ça changera complétement.